Hiver à Sokcho est un film de Koya Kamura de 2024 en 1h44.
Principaux titres
Le pitch
Un Français un peu mystérieux prend une chambre dans une pension de la ville sud-coréenne de Sokcho. Là travaille la jeune Soo-ha, qui sait seulement de son père qu’il était aussi Français.
Une curiosité mutuelle s’installe peu à peu.
Hiver à Sokcho – Deux solitudes sous la neige
Le film Hiver à Sokcho est une rencontre discrète entre deux êtres en quête de sens, perdus dans le froid lancinant d’un hiver gris. Il ne s’agit pas d’une romance, mais d’un croisement de trajectoires, d’un compagnonnage temporaire entre deux âmes qui se frôlent et s’influencent.
Deux personnages à la dérive
Roschdy Zem incarne un dessinateur français un peu décalé, presque sauvage, qui se consume dans ses phases créatives – au point de manger littéralement son encre.
Face à lui, Bella Kim joue une jeune femme coréenne en pleine crise existentielle. Son quotidien l’ennuie, son travail dans une pension familiale ne la satisfait pas, et sa relation amoureuse semble sans avenir. L’arrivée de cet étranger va bousculer son inertie, réveillant des interrogations profondes sur son identité.
Le film choisit un rythme lent, presque contemplatif, pour explorer leur relation. Il s’attarde sur les silences, les regards, les hésitations. À travers cette proximité imprévue, chacun trouve peu à peu une résonance en l’autre, un miroir déformant mais révélateur.
Une ville froide, presque fantomatique
Sokcho, dans sa version hivernale, ne fait pas rêver. Le quartier où se déroule l’intrigue est modeste, usé par le temps, loin de toute carte postale. Les personnages y errent, souvent filmés sur le même pont, comme prisonniers d’un décor monotone et gelé.
Et pourtant, pour ceux qui connaissent la ville en été, cette grisaille ne rend pas justice à ses paysages. Sokcho, sous le soleil, possède un charme indéniable : plages étendues, grande roue sur fond de ciel bleu, lumière éclatante sur les façades blanches du front de mer. Le contraste entre la réalité estivale et la version hivernale du film est frappant – presque frustrant.
Une ascension et quelques confidences
L’un des rares moments d’évasion a lieu lorsque les deux protagonistes empruntent le téléphérique du mont Seoraksan. Là-haut, entre légendes locales et réflexions intimes, ils se dévoilent un peu plus. La scène, bien que minimaliste, permet de resserrer le lien entre eux.
Dans la réalité, ce lieu est un incontournable pour les visiteurs : la vue panoramique sur Sokcho et la mer y est sublime. Mais dans le film, même ce moment de hauteur reste engourdi par le froid, et Roschdy Zem, bien emmitouflé, semble lutter pour ne pas laisser transparaître qu’il grelotte.
Une tentative formelle inégale
Le long-métrage intègre à certains moments des passages en motion picture, un procédé visuel qui combine image fixe et mouvement. Malheureusement, cette expérimentation peut dérouter : plutôt que d’apporter une dimension poétique, ces séquences peuvent casser le rythme et briser l’immersion. En tout cas, elles m’ont laissée assez perplexe.
Conclusion : un film d’atmosphère, à la beauté fragile
Hiver à Sokcho est une œuvre contemplative, discrète, presque fragile. Il faut accepter son tempo lent, son économie de dialogues, et sa pudeur émotionnelle. Ce n’est pas un film spectaculaire, mais une méditation sur l’absence, le doute, et la quête de soi. Une parenthèse douce-amère, enveloppée dans le silence gris d’un hiver coréen.
Acteurs
Bella Kim : Soo-ha
Roschdy Zem : Yan Kerrand
Park Mi-Hyeon : la mère de Soo-ha
Ryu Tae-ho : M. Park
Do-yu : Jun-oh
Jung Kyung-soon : la tante
Adapté du roman éponyme d’Elisa Shua Dusapin
Scénario: Koya Kamura, Stéphane Ly-Cuong
Réalisation: Koya Kamura
J’ai regardé Hiver à Sokcho en 2025 au cinéma.
Plus de Hiver à Sokcho sur le net
La page de Hiver à Sokcho sur Wikipedia
Interview
Interview C à vous – France télévision, janvier 2025, avec Roschdy Zem et Bella Kim.