Dernière mise à jour le 4 juin 2025
Principaux titres
Des comptines qui font peur
Nursery rhyme horror story 동요괴담 est un drama omnibus en 118 minutes. Il se sert de comptines enfantines et les transpose en histoires d’horreur.
Le producteur en est Koh Dae-hwa, qui était déjà à l’origine de Midnight horror story, présenté à Canneseries en 2022.
En première mondiale, ce sont 4 épisodes que l’on a pu voir à Canneseries 2025.
Dans l’épisode « A teacher’s grace » on a la professeure Ji-woo qui se suicide à cause d’un piège tendu par une élève jalouse. On retrouve Na Hyun-Woo (Love in the big city) dans le rôle du professeur Yeon-min.
Pour l’épisode « Turtle Turtle » on a un propriétaire (Lee Jae-kyoon) qui assassine des gens, et qui tombe sur Kim Min-seok (My Military Valentine), qui est encore plus fou que lui.
Pour les épisodes 3 et 4, des acteurs ont pu faire le déplacement jusqu’à Cannes et répondre à notre interview.
Nursery rhyme horror story : « They are all the same »
Dans le 3ème opus de Nursery rhyme horror story « They are all the same », une maman s’inquiète pour son enfant, et se pose beaucoup de questions car il y a des animaux morts un peu partout autour d’elle.
L’actrice Hong Soo-hyun – dont on se rappelle entre autres en prof du judo dans Police university ou en reine dans Our blooming youth – incarne cette mère de famille.
Nuits coréennes : En introduction, je dois dire que l’aiguille enfoncée sous l’ongle, c’est vraiment dégoûtant !
D’ailleurs dans cet épisode, vous avez un certain nombre de moments assez horribles, comment vous préparez-vous pour faire passez au spectateur ce sentiment d’horreur ?
Hong Soo-hyun : À vrai dire, je fais partie de ces personnes qui ne supportent absolument pas la vue d’une aiguille, de sang, ou de ce genre de choses !
Pourtant, pour vous expliquer comment c’est fait, il s’agissait de faire semblant de se piquer le doigt à travers un faux ongle, ce qui ne faisait pas mal. Mais comme je devais vraiment m’immerger dans la scène, cela en devenait effrayant. Même le simple fait de jouer cette scène était en soi très angoissant !
Au début, le fait d’être piquée me faisait vraiment peur. Par exemple, lorsque je voyais le pigeon se faire couper, cela me paraissait si réel que j’en étais profondément bouleversée, comme si cela m’arrivait à moi. C’était terrifiant.
Nuits coréennes : Quelle est pour vous la morale de cet épisode ?
Hong Soo-hyun : Bien que le film puisse sembler appartenir au genre de l’horreur ou du thriller, je pense que ce que le réalisateur souhaitait réellement transmettre, c’est un message profond sur l’authenticité de la vie — sur la question de savoir si l’on vit véritablement sa propre existence.
Aujourd’hui, nous sommes entourés de contenus tape-à-l’œil sur les réseaux sociaux, nous imitons les autres, nous convoitons ce qu’ils ont… mais au fond, cela reste hors de portée. Ce film, lui, nous amène à nous interroger : Suis-je en train de vivre ma propre vie ?
Pour ma part, étant actrice, je vis constamment à travers mes rôles — je vis en tant que personnage. Et à force, je me suis demandée : Et moi, Hong Soo-hyun, comment suis-je en train de vivre réellement ? Suis-je en train de bien mener ma vie ? Ce film m’a poussée à réfléchir profondément à cette question.
Je pense que les spectateurs prendront plaisir à regarder le film, à frissonner et à s’amuser, mais qu’une fois sortis de la salle, une réflexion pourra s’imposer à eux : Est-ce que, moi aussi, je vis véritablement ma vie ?
Ce ne sera peut-être pas une remise en question monumentale, mais ce film pourrait bien devenir une occasion pour chacun de faire un retour sur soi-même, de s’interroger et d’en tirer une forme d’introspection.
Nursery rhyme horror story : « My happy home »
Dans l’épisode « My happy home », Yeon-soo va passer un bon moment avec son chéri dans un motel. Dans les couloirs, elle croise des gens bizarres.
Nam Gyu-ri incarne Yeon-soo et s’est également rendue à Cannes, tout comme Choi Jong-nam et Han Dani.
Une présence à la fois tangible et évanescente
Nuits coréennes : Nam Gyu-ri, on vous a vue dans des rôles plus divertissants, comme récemment You are my spring ou My military Valentine. Dans cet épisode, vous incarnez un personnage, Yeon-soo, très torturé intérieurement, rongé par la culpabilité. Quelles ont été vos inspirations pour jouer ce personnage ?
Nam Gyu-ri : Ce projet a exigé de ma part un effort d’imagination considérable. Le personnage de Yeon-su devait en effet constamment évoquer une présence à la fois tangible et évanescente, comme s’il appartenait au monde tout en semblant s’en détacher, existant sans pleinement exister. Il m’a fallu m’attacher au fil émotionnel du personnage au gré des situations, sans repères fixes ni balises.
Plutôt que de m’appuyer sur une lecture répétée du scénario ou sur des exercices classiques d’interprétation, j’ai choisi d’en appréhender le texte avec une certaine retenue, pour ensuite façonner le personnage avant tout à travers un travail d’imagerie mentale soutenu.
Confrontée à une réalité que je n’ai jamais personnellement expérimentée, j’ai dû entretenir en moi l’idée que, bien que revêtant l’apparence humaine, ce personnage pourrait ne pas l’être tout à fait.
Un rampant singulier
Dans l’épisode, l’acteur vétéran Choi Jong-nam apparaît pour la première fois à l’écran en rampant dans un couloir.
Nuits coréennes : Choi Jong-nam, vous faites une entrée marquante dans « Home sweet home ». Qu’est-ce qui vous a fait dire : Je veux jouer ce rôle !
Choi Jong-nam : À la lecture du scénario, j’ai remarqué que le personnage du père recevait à plusieurs reprises des gifles de la part de sa fille. Ce qui m’a frappé, c’est que ces gestes survenaient sans raison apparente, sans que celle-ci n’exprime de motifs explicites ou compréhensibles. Je me suis alors dit : “Voici un rôle de père pour le moins singulier !” Et c’est précisément en raison de cette ambiguïté que j’ai trouvé intéressant de l’interpréter.
Du chamanisme
L’actrice Han Da-ni incarne un personnage mystérieux vêtu de noir qui pratique la chamanisme.
Nuits coréennes : Le chamanisme est quelque chose que l’on voit assez souvent dans les dramas coréens, mais c’est moins connu en France. Est-ce que c’est quelque chose qui est encore très présent en Corée du Sud, ou est-ce pour des besoins scénaristiques qu’on y fait souvent référence ?
Han Da-ni : Chaque pays possède, d’une manière ou d’une autre, sa propre conception du chamanisme, mais en Corée, cette notion semble revêtir une intensité particulière.
Ce n’est pas simplement perçu comme un divertissement ou une légende folklorique : de nombreux Coréens y croient réellement. De plus, ce thème est largement exploité dans les médias populaires.
Ainsi, au-delà de l’aspect ludique, il existe en Corée un grand nombre de chamans, comme ceux que l’on voit dans les films, ce qui reflète une réalité bien ancrée.
La valeur des choses
Le personnage de Yeon-soo est central dans « Home sweet home ». Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, on en apprend plus sur elle.
Nuits coréennes : Nam Gyu-ri, vous jouez une femme qui prend conscience de la valeur des choses lorsqu’elle a tout perdu. Qu’est-ce qu’il y a pour vous de plus important à chérir dans la vie ? Et que pourriez-vous conseiller aux gens pour qu’ils voient clairement ce qu’ils ont déjà de précieux dans leur vie, avant d’être avides et d’en vouloir trop ?
Nam Gyu-ri : Je n’ai que peu de souvenirs précis de ce que je ressentais lorsque j’étais vraiment jeune, mais il m’a toujours semblé que la sincérité occupait une place centrale dans ma vie.
Qu’il s’agisse de mon rapport au chant, de mes relations avec les autres ou de mon engagement artistique, je pense que cette sincérité se reflète partout. Certes, elle se manifeste avec plus ou moins de netteté selon les circonstances, mais j’ai la conviction profonde que ce qui est fait avec authenticité finit finit, tôt ou tard, par trouver son chemin.
Il y a des périodes où il faut simplement savoir attendre. Et bien souvent, après cette attente, on reçoit quelque chose de bien plus grand en retour. Cela a toujours été ainsi pour moi.
Ce que je considère comme essentiel, c’est cela : rester fidèle à ce en quoi l’on croit.
Et si je devais transmettre un conseil, ou plutôt une réflexion, ce serait de se demander ce qui compte vraiment.
Nous avons tous, d’une certaine manière, reçu des choses précieuses dans la vie — parfois sans même nous en rendre compte. Pour ma part, je pense que le plus important, c’est le temps. Dans une vie, rien n’est plus précieux que le temps que l’on choisit de vivre sincèrement.
Merci aux acteurs et à Canneseries pour cette interview!